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L’Intercompréhension en enseignement des langues : une méthode révolutionnaire !

Si je vous dis, sans parler ces langues, étrangement, vous comprenez très vite que je suis en train de vous dire quelque chose qui ressemble au français : « la porte est ouverte ». Pourquoi donc ? Eh bien, c’est grâce à ce qu’on appelle l’intercompréhension. Vous l’aurez compris, le sujet de la vidéo, c’est aujourd’hui l’intercompréhension, cette stratégie de compréhension qu’on met en place pour essayer de comprendre grâce aux ressemblances interlangues des langues de mêmes familles. Ici, c’est le cas pour les langues romanes.

Définition et principes de l’intercompréhension

De ce principe, de ces stratégies, on s’en est servi pour faire une approche didactique. Quand on parle d’intercompréhension en didactique des langues, on parle de cette approche didactique qui vise à comprendre les langues alors que chacun s’exprime dans sa propre langue. On vient apprendre à comprendre une ou plusieurs langues en s’appuyant sur les ressemblances interlangues d’une même famille.

Les cinq caractéristiques clés de l’intercompréhension

En général, il y a cinq caractéristiques pour définir l’intercompréhension. La première, c’est que l’objectif premier de cette méthode est de développer la compréhension de plusieurs langues. On se focalise sur la compréhension de l’écrit et de l’oral, et un peu moins sur la production. La deuxième caractéristique, c’est qu’on s’appuie sur la proximité des langues. On amène les apprenants à repérer les ressemblances linguistiques, à s’appuyer sur elles pour faire des hypothèses sur le sens.

Immersion dans des documents authentiques

La troisième caractéristique, c’est que l’apprenant est immergé directement dans des documents authentiques. Contrairement à d’autres méthodes, on ne remanie pas les documents pour les adapter au niveau. On prend les documents authentiques, souvent d’un niveau bien supérieur à un niveau débutant, et on immerge les apprenants directement dans ces documents.

Valorisation des acquis langagiers antérieurs

La quatrième caractéristique, c’est qu’on valorise tous les acquis langagiers antérieurs. Toutes les langues qu’ils ont apprises, avec lesquelles ils ont été en contact, qu’ils ont lues ou vues, tous les savoirs, même la culture générale, si ça aide à la compréhension, on s’en appuie. On valorise vraiment les connaissances antérieures des apprenants.

Restitution du sens en langue maternelle (L1)

La cinquième caractéristique, c’est que la restitution du sens de ces documents authentiques se fait en L1. On utilise beaucoup la L1, surtout au moment de la restitution du sens, car elle est sécurisante, permet une meilleure entrée dans les langues cibles et favorise la réflexion sur les langues. On essaie de développer l’aspect métalinguistique de l’apprentissage.

Étapes pour concevoir une activité en intercompréhension

Maintenant, vous savez ce qu’est l’intercompréhension en tant qu’approche didactique. Comment la mettre en place ? Il y a plusieurs étapes. La première, commune à beaucoup de méthodes, est de définir votre public : âge, nationalité, besoins, catégories socio-professionnelles, etc. La deuxième étape, spécifique à l’intercompréhension, est de définir le profil langagier de vos apprenants, par exemple avec une biographie langagière.

On cherche à connaître le répertoire langagier des apprenants. Il y a deux types de profils possibles : soit la L1 ou une L2 très bien maîtrisée fait partie de la même famille que les langues cibles (ex. : un francophone pour les langues romanes), soit la L1 n’appartient pas à la même famille, mais une L2 maîtrisée sert de « langue pont » (ex. : un francophone qui parle anglais pour comprendre les langues germaniques).

Homogénéité du public et choix des langues

Une fois le profil langagier établi, il faut vérifier si le public est homogène ou non. Si tous les apprenants parlent des langues de la même famille, c’est idéal. Sinon, il peut y avoir des groupes à deux vitesses, ce qui complique la tâche. Ensuite, il faut définir le profil langagier de l’enseignant : maîtrise-t-il la L1 ou la langue commune du groupe ? Connaît-il suffisamment les langues cibles pour guider la compréhension ?

S’approprier la démarche enseignante

L’enseignant n’a pas besoin de maîtriser toutes les langues en présence, mais doit identifier où s’appuyer sur les ressemblances pour créer du sens. Il faut stimuler l’appréhension du sens et l’observation métalinguistique. On aide l’apprenant à repérer, identifier, distinguer, mettre en lien, exploiter les connaissances antérieures et faire du lien avec ce qui fait sens dans le document actuel.

Choix des langues et des objectifs

La cinquième étape est de choisir les langues : on sélectionne une famille de langues (ex. : romanes ou germaniques), puis on décide si on les prend toutes en même temps ou une par séance. Ensuite, on définit les objectifs : écrit ou oral ? Réception ou interaction ? On peut commencer par l’écrit, puis amener progressivement vers l’oral, ou viser l’interaction via des forums, chats ou wikis.

Organisation des activités pédagogiques

La dernière étape est d’organiser les activités. On diversifie : transposition des textes en L1 (sans traduction, mais en reformulant le sens), questionnaires en L1 pour guider la compréhension, réflexion métalinguistique (ex. : repérer le vocabulaire international, les correspondances phonologiques, la similarité syntaxique, les préfixes/suffixes). On peut aussi varier la présence simultanée des langues, par exemple en utilisant des textes différents ou des traductions d’un même texte.

Exemple d’application : l’intercompréhension au service d’une seule langue

On peut aussi mettre l’intercompréhension au service d’une seule langue. Par exemple, dans une école de français où des Brésiliens ne parlaient pas français, des ateliers d’intercompréhension ont été mis en place pour les aider à comprendre le français grâce à la proximité avec le portugais. On a utilisé des documents authentiques de l’école, travaillé le sens global, puis la réflexion métalinguistique, avec des aides plurilingues (espagnol, italien, portugais) pour éclaircir les points opaques.

En atelier, on travaillait d’abord le sens global du document, puis on utilisait des surligneurs pour identifier : en jaune, le lexique international ; en vert, les mots/phrases transparents entre français et portugais ; en orange, les éléments compris mais incertains ; en rouge, les points opaques. Pour ces derniers, des aides plurilingues étaient préparées pour comparer vocabulaire, syntaxe et grammaire.

L’intercompréhension peut donc être adaptée pour une seule langue, en gardant l’accent sur la compréhension et en utilisant des touches plurilingues pour la réflexion métalinguistique. Cela permet de s’appuyer sur la proximité des langues pour mieux comprendre la langue cible, même dans un contexte institutionnel où le plurilinguisme est difficile à mettre en place.

Conclusion : une approche flexible et valorisante

En résumé, l’intercompréhension est une approche multilingue, mais peut être adaptée pour une seule langue. Elle valorise les acquis antérieurs, favorise la compréhension et la réflexion métalinguistique, et s’adapte aux besoins du public. L’enseignant doit encourager l’utilisation des stratégies de compréhension et la proximité des langues pour créer du sens.

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