La zone proximale de développement de Lev Vygotski
Aujourd’hui, on va parler de la zone proximale de développement telle qu’élaborée par Lev Vygotsky. Avant de commencer, si tu n’es pas encore abonné à ma chaîne, je t’invite à le faire.
L’être humain est un être social
La zone proximale de développement par Lev Vygotsky, ça part du postulat que l’être humain se caractérise par une sociabilité primaire. En fait, selon Vygotsky, l’être humain est génétiquement social. Il y a d’ailleurs des études qui montrent que c’est plutôt vrai. Contrairement à certains de ses confrères comme Jean Piaget, Vygotsky, lui, il estime que dans le développement de l’enfant, les facteurs les plus importants vont être les interactions sociales. Et en particulier, les interactions sociales asymétriques, comme par exemple les interactions adulte- enfant.
Si on prend par exemple l’acquisition du langage. L’acquisition du langage, le fait de pouvoir parler, de développer le langage, c’est une fonction qu’on a tous de manière héréditaire, puisque c’est notre cerveau, la façon dont on est construit physiquement. Ce qui fait qu’on a héréditairement cette capacité à pouvoir parler, contrairement à d’autres animaux, par exemple, qui, eux, n’ont pas la faculté de parler, n’ont pas cette possibilité d’acquérir le langage. Nous, on l’a tous, les êtres humains, de manière héréditaire, biologique, neurologique, on peut parler. Mais ce n’est pas parce qu’on peut parler que tout le monde va parler. Et ce que dit Vygotsky, c’est qu’en fait, ça va dépendre de l’environnement social de l’enfant et en particulier si le processus de mise en commun, d’apprentissage en commun à travers activités adulte-enfant, cette interaction sociale asymétrique, qui va déterminer si l’enfant acquiert le langage ou non.
Le rôle décisif de l’environnement social
Je m’explique par exemple, avec le cas des enfants sauvages, ces enfants qui ont été élevés par des animaux dans la nature ou aussi les enfants qui ont subi des maltraitances, par exemple, et qui ont été séquestrés et qui ont grandi sans l’exposition au langage. Ces deux types de développement on va voir que les enfants n’ont pas acquis la capacité à parler parce qu’ils n’ont pas eu les interactions sociales avec le langage. En fait, on voit aussi d’ailleurs que si les enfants sont exposés et qu’on essaye de leur faire apprendre le langage après, ils éprouvent de plus grosses difficultés.
Ce que dit Vygotsky, c’est que même si une fonction, une capacité est héritée et détermine forcément si on va exercer cette fonction ou pas. Par exemple, on sait à cause des attributs physiologiques d’un animal, on sait qu’il ne pourra jamais parler, même s’il est exposé au langage. Mais l’être humain, lui, il a sa capacité de manière héréditaire, donc ça détermine forcément si on va développer cette capacité, cette fonction, mais que c’est aussi l’environnement social qui va être constructif de cette capacité. Si on est exposé, si on apprend avec l’interaction sociale asymétrique, on développera le langage. Sinon, c’est fort probable que non.
La zone proximale de développement
À partir de ce postulat-là, Lev Vygotsky, il parlera de ce qu’on appelle la zone proximale de développement. C’est aussi ce qu’on appelle une zone de potentiel réaliste, parce qu’elle se situe entre ce que l’enfant sait déjà faire et qui est trop facile pour lui et ce qu’il ne pourra pas faire parce que c’est trop hors de portée. C’est vraiment la zone entre ce qui est trop facile, ce qu’il sait déjà faire et ce qu’il ne sait pas faire et ne peut pas vraiment faire. En fait, ça représente la zone de ce que l’enfant ou la personne peut faire avec de l’aide. C’est pour ça qu’on l’appelle aussi zone potentielle réaliste.
Parfois, cette zone proximale de développement, elle est exprimée en termes de temps. Par exemple, si on prend des tests psychométriques de l’âge de 8 ans, par exemple, et qu’un enfant tout seul, il arrive à un niveau de 9 ans, alors qu’un enfant aidé par un adulte arrive à un niveau de 12 ans, les zones proximales de développement sont différentes et exprimées en temps. La zone proximale de développement de l’enfant qui a atteint 9 ans sur un test psychométrique de 8 ans, elle est de 1 an et pour l’enfant qui a été aidé, entre 8 et 12 ans, elle est donc de 4 ans.
Les utilisations pédagogiques de la zone proximale de développement
Maintenant, comment est-ce qu’on peut l’utiliser, nous, dans nos salles de classe ? Idéalement, on va proposer des tâches qui vont se trouver dans la zone proximale de développement des apprenants. En fait, ça veut dire qu’on va essayer de proposer des tâches qui ne sont ni trop faciles ni trop difficiles. On propose des tâches qui sont se situent dans cette zone proximale de développement et on va les introduire dans un ordre un petit peu particulier en suivant une certaine progression.
On va commencer par introduire des tâches assez faciles. Ce sont des tâches qui vont demander peu d’aide pour être réussies par les apprenants, mais qui vont pas être trop faciles. C’est pas des choses, des tâches que peuvent réaliser déjà totalement et qui sont trop faciles pour les apprenants, mais c’est des tâches qui sont assez faciles pour nécessiter peu d’aide. De cette manière, on va développer la confiance en soi, le sentiment de réussite des apprenants puisqu’ils vont voir qu’ils arrivent à accomplir des tâches d’un certain niveau.
Et ensuite, c’est là qu’on va se mettre à introduire une tâche un petit peu plus difficile qui se trouve dans la zone proximale de développement de l’apprenant, mais pas dans la zone proche de la plus facile, dans la zone un petit peu… Là où c’est un petit peu plus difficile. Et bien entendu, on va apporter une aide proportionnelle à cette difficulté pour que l’étudiant puisse réaliser cette tâche. On va aussi bien entendu proposer aux apprenants qu’ils s’aident entre eux pour pouvoir développer leurs compétences ensemble et réussir cette tâche grâce à l’aide de l’enseignant, mais grâce à l’aide des autres apprenants également. Et là, l’enseignant, il continue à aider jusqu’à ce que les apprenants réussissent.
Comment aider les apprenants dans la réalisation de ces tâches ?
Donc, on continue. Ça veut dire qu’on explicite, on guide, on aide à mettre en place des stratégies d’apprentissage, des stratégies de correction, on amène les apprenants vers l’autonomisation. Donc là, on guide au maximum pour faire en sorte que les apprenants réussissent. En fait, on veut éviter l’échec, parce que si on se retrouve dans l’échec, on retombe hors de la zone proximale de développement et en plus, on a un sentiment négatif au niveau de l’apprentissage. Donc, ce n’est pas du tout ce qu’on veut.
Une fois qu’ils ont réussi cette tâche d’un certain niveau assez difficile, qu’ils ont réussi, là, on va introduire plusieurs tâches différentes, mais du même niveau. C’est le moment où les apprenants vont faire des tâches du même niveau mêmes niveaux que celles qu’ils ont réussies, mais ce n’est pas tout à fait les mêmes tâches. Donc, on va venir retirer petit à petit l’aide et ils vont devenir autonomes sur ces tâches de même niveau, donc d’un certain niveau, et ils vont prendre confiance et réaliser qu’ils peuvent faire tout seul des tâches d’un certain niveau. Jusqu’à ce qu’on arrive à une étape où la tâche devient facile.
La zone proximale de développement est dynamique
Et là, du coup, la zone proximale de développement, vu qu’elle est dynamique, elle se déplace un petit peu. Puisqu’en fait, ce qui avant se trouvait dans la zone proximale de développement de l’apprenant, maintenant, on se trouve dans la partie « Je sais déjà faire et c’est trop facile pour moi » et ce qui était hors de portée des apprenants arrive dans la zone proximale de développement. On peut donc recommencer et introduire une tâche un petit peu plus difficile avec de l’aide et on continue comme ça. L’intervention de l’enseignant, elle est vraiment autonomisante. On vise l’autonomie des apprenants puisqu’on aide, mais on ne réalise pas à la place des apprenants.
Voilà pour ce qui est de la zone proximale de développement. Si vous avez des commentaires, n’hésitez pas à les faire. Pour plus d’articles, c’est par ici. Moi, je vous dis merci et à bientôt.