Charlène, de prof de FLE au Japon à autoentrepreneur
Je vous propose le témoignage de la très inspirante Charlène dont le parcours ne pourra que vous donner des idées positives !
Est-ce que tu peux te présenter ?
Avec grand plaisir ! Je m’appelle Charlène, je suis originaire de Toulouse j’ai 35 ans et j’habite actuellement à Barcelone en Espagne.
Quel est ton parcours académique ?
J’ai toujours su que je voulais étudier les langues étrangères et que j’aurais un métier lié à l’enseignement. Quand j’ai commencé l’université je vivais déjà à Barcelone donc j’ai en grande partie fait mes études à distance d’abord via l’Université Toulouse Jean-Jaurès. J’ai choisi de faire une licence LLCE Espagnol avec une option russe, j’ai adoré ce parcours et j’ai énormément appris.
J’ai découvert le FLE pendant ma licence grâce à un ami et j’ai de suite su que c’était un secteur pour moi. Je donnais des cours particuliers quelques heures par semaine à Barcelone, ça me plaisait énormément. Une fois diplômée, je suis partie un an à Londres et j’ai ensuite continué avec le DU FLE également à distance via l’Université Grenoble Alpes, cette fois-ci. J’ai beaucoup aimé ce diplôme même si j’aurais bien aimé faire un stage.
Je suis partie ensuite au Japon où j’ai commencé à enseigner le FLE et l’anglais dans une école internationale.
Tu as été prof de français au Japon, peux-tu nous en dire plus sur cette expérience ?
Je suis partie au Japon avec le visa PVT (ou Working Holiday) qui me permettait de travailler. J’avais la certitude que je voulais enseigner donc je n’ai pas hésité à chercher un travail dès mon arrivée. Je pense que je ferais un peu différemment si c’était à refaire, mais c’est une autre histoire 😉 J’ai trouvé l’école dans laquelle je suis restée plus de 3 ans très rapidement. Je travaillais une dizaine d’heures par semaine au départ, ce qui me permettait de pouvoir découvrir le pays et étudier le japonais mais après un an et l’obtention de mon visa de travail j’ai dû travailler à temps complet (28 heures de cours par semaine).
J’avais plusieurs fois par semaine des journées entières avec les petits de 9h à 15h et j’enchainais ensuite avec des classes pour les primaires et/ou les collégiens qui sortaient de cours. Le rythme était parfois très lourd, je dois l’avouer. Je travaillais 6 jours par semaine et je devais aussi travailler les jours fériés et certaines vacances scolaires. J’avais 5 semaines de vacances à l’année pendant lesquelles j’essayais toujours de voyager ou de rentrer en France.
J’ai beaucoup aimé mon travail d’enseignante et j’ai énormément appris dans cette école. J’étais passionnée par mon travail, même si je dois dire que parfois c’était dur et très exigeant. Mes collègues étaient tous étrangers donc c’était aussi chouette d’apprendre d’eux, c’était un peu comme une petite famille.
Comment c’était la vie au Japon, peux-tu nous raconter ?
Le Japon est un pays magnifique, pratique, mais il peut aussi être très stressant quand on est salarié, il faut le savoir. J’aimais ma vie là-bas, les Japonais sont extrêmement serviables, j’avais des amis et des revenus corrects qui me permettaient de vivre décemment. Ce qui a été compliqué pour moi avec le temps c’était la solitude au quotidien puis après 3 ans j’ai fait un burn out lié au travail, ce qui m’a poussée à rentrer en Europe.
Qu’as-tu observé et pensé de la culture éducative japonaise ?
J’ai énormément apprécié le sérieux des élèves et le respect qu’ils ont pour le professeur. Pas besoin de hausser le ton ni de les gronder, ils se responsabilisent vite seuls. Ils sont également très reconnaissants du travail que les professeurs font et ils n’hésitent jamais à nous écrire des petits mots ou à nous ramener des petits cadeaux de leurs voyages en famille.
J’étais néanmoins assez surprise que les étudiants soient extrêmement occupés dès leur rentrée au primaire, en effet la majorité ont des activités extrascolaires au quotidien. Ce que je n’ai pas aimé dans le système d’apprentissage des langues classique au Japon c’est que l’enseignement se fait beaucoup par l’écrit ce qui fait que les élèves pratiquent peu et ont peur de parler, d’où la nécessité d’écoles comme celle pour laquelle je travaillais où on mettait vraiment l’accent sur la communication orale.
Comment as-tu créé ton école en ligne ?
En rentrant en Espagne fin 2018 j’ai commencé à chercher du travail dans des écoles physiques à Barcelone mais les conditions ne me convenaient pas et après le burn out que j’avais fait quelques mois plus tôt j’avais certaines craintes en plus d’avoir un grand besoin de liberté.
J’ai donc commencé à donner des cours particuliers en présentiel et en ligne et de fil en aiguille, j’ai créé “BonjourBcn” mon école de langues en ligne. Je ne savais rien de l’entrepreneuriat mais j’ai su bien m’entourer et j’ai surtout compris que pour avancer vite j’avais besoin de me former.
BonjourBcn a été un immense succès ! Je parle de mon parcours dans cette vidéo si vous souhaitez en savoir plus.
J’avais de grandes ambitions et je savais que je voulais créer une entreprise solide. Après un an, c’était une affaire qui tournait. Fin 2020 J’ai recruté deux profs et petit à petit j’ai pris la décision de moins enseigner et de gérer l’école en plus de commencer le coaching pour les profs indépendants. J’avais un réel besoin d’aider.
Que fais-tu maintenant ?
J’ai eu une sorte d’illumination pendant l’été 2020 : je voulais montrer aux profs indépendants comment vivre de leurs cours dignement, comme moi j’avais réussi à le faire. J’entendais trop souvent que le FLE est un secteur précaire et comme je ne ressentais pas du tout ça j’avais à coeur d’aider les enseignants indépendants.
J’ai donc proposé du coaching personnalisé pendant 9 mois et j’ai ensuite créé L’Ecole des Profs un programme en ligne pour les profs souhaitant vivre de leurs cours en ligne. L’Ecole des Profs existe depuis juin 2021, plus de 200 profs ont suivi la formation et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Quand je vois les résultats obtenus par les profs qui suivent la formation, je me dis que je suis réellement à ma place et que j’ai vraiment pris la meilleure décision !
Ma mission est de montrer aux profs comment vendre leurs cours, mais surtout les aider à prendre confiance en eux car tout part de là.
Quel(s) conseils tu donnerais à des personnes qui souhaitent enseigner au Japon ?
Foncez ! C’est une magnifique expérience et si vous avez l’opportunité de le faire, allez-y ! Ce que je ferais différemment, ce serait simplement de m’autoriser à moins travailler pour profiter davantage de l’expérience, de plus voyager à l’intérieur du Japon et de consacrer plus de temps à l’apprentissage du japonais sur place. Quand on enseigne une langue au Japon on peut vite se retrouver entre étrangers et ce n’est clairement pas la meilleure solution pour apprendre la langue du pays.
Selon toi, quelles sont les compétences à développer pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat ?
Sans aucun doute, la confiance en soi, l’acceptation et la patience.
Travailler son état d’esprit par la confiance en soi est primordial, selon moi. Trop de profs se lancent avec un gros manque de confiance en eux ou en leurs compétences et ça fait souvent pas mal de dégâts.
L’acceptation car il faut savoir et surtout accepter que l’entrepreneuriat c’est des montagnes russes au quotidien et qu’on peut rayer le mot “sécurité” de notre vocabulaire.
La patience car c’est souvent lent au début et même si ça ne va pas aussi vite que l’on aimerait il faut s’armer de patience… et de confiance en soi 😉
On arrive à la fin de ce beau témoignage. Vous pouvez retrouver Charlène sur YouTube ou instagram. Pour plus d’articles, c’est ici !