L’alignement pédagogique de John Biggs
Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvé face à des étudiants qui avaient eu une note catastrophique à vos examens, mais qui ne comprenaient pas pourquoi ? Ou bien est-ce que vous avez déjà eu face à vous des étudiants totalement démotivés, inintéressés ou même une partie de votre classe absente à vos cours ? Peut-être que cela a un rapport avec le thème de la vidéo d’aujourd’hui, à savoir l’alignement pédagogique.
L’émergence de l’alignement pédagogique
Aujourd’hui, je vais vous parler de l’alignement pédagogique de John Biggs. En fait, en adéquation avec les théories constructivistes selon lesquelles l’apprenant se construit ses propres connaissances à travers les activités dans lesquelles il s’engage, John Biggs utilise l’expression constructive alignement, donc alignement constructif ou alignement pédagogique en 1996 pour pointer du doigt un élément essentiel de l’apprentissage, à savoir le principe de cohérence.
La cohérence dans nos cours
En fait, ce qu’il explique, c’est qu’il faut veiller à mettre en alignement, à aligner, à rendre cohérent les objectifs, ce qu’on vise dans la formation, avec les activités, ce qu’on met en place pour atteindre les objectifs, et l’évaluation, c’est- à- dire comment on saura qu’on a atteint l’objectif.
Tous les trois devraient être alignés, bien entendu, mis en cohérence. Peut ajouter à ça aussi la cohérence de l’utilisation des outils numériques/digitaux, c’est-à-dire, est-ce que se poser la question lorsqu’on construit son cours, en plus de savoir si les objectifs, les activités et les évaluations sont alignées, de savoir si les outils numériques digitaux que l’on choisit soutiennent les objectifs, les activités et l’évaluation.
L’exemple du parachutiste
Il s’agit en effet d’un élève qui veut apprendre à sauter en parachute puisque l’objectif de sa formation, c’est de sauter en parachute. Comme activité qu’on met en place pour arriver à cet objectif, c’est de la lecture sur le parachutisme. Et quand bien évidemment vient le moment de l’évaluation, c’est- à- dire du saut en parachute, on a un petit peu peur pour sa vie. C’est comique, mais ça révèle vraiment un problème d’alignement pédagogique qui est souvent présent en pédagogie universitaire. Ce n’est pas forcément quelque chose auquel on fait attention. C’est vrai que dans la tradition, peut- être qu’on a plus, une tendance à faire attention aux contenus que l’on veut développer pendant son cours et un peu moins à faire attention à ces trois éléments, à ce qu’ils soient mis en cohérence.
Des exemples de non alignement pédagogique à l’université
Pourtant, c’est des situations que l’on retrouve très souvent en université, notamment, puisque là, moi, je situe ma vidéo dans un contexte de pédagogie universitaire. Pour vous donner quelques exemples, ça pourrait être, on va se positionner dans un domaine de droit, par exemple. Si l’enseignant décide que l’objectif de son cours, c’est de permettre aux étudiants d’identifier les principaux articles juridiques d’une thématique particulière, que pour cela, il met en place un cours plutôt transmissif où il va énumérer les articles, les décrire historiquement, juridiquement leur histoire. Là, on a à peu près l’objectif et les activités en cohérence. Par contre, on le voit souvent, on arrive à une évaluation où là, on demande une dissertation sur un thème juridique. Le problème, c’est que là, on va se retrouver avec des étudiants qui ont des notes catastrophiques parce qu’ils n’ont pas été préparés à la dissertation. Il faut savoir que l’objectif identifié, connaître, mémorisé, on va avoir du niveau cognitif 1 à maximum 2. Et lorsque l’on demande à un étudiant de juger, d’analyser, de se positionner, ça lui demande un effort cognitif de niveau 6, le dernier et le plus haut.
Donc, il y a vraiment un fossé entre les deux. Et le seul moyen de pouvoir combler ce fossé, ça serait par l’accompagnement. Mais là, on voit bien qu’il y a un gros décalage au niveau des objectifs, des activités et de l’évaluation. Donc, on est en incohérence, ce qui fait que les étudiants ne comprendront pas pourquoi ils nous ont cette note et ils seront assez démoralisés. Là, le problème principal, c’est l’a ligne humain l’alignement pédagogique.
On peut reprendre le cours soit en gardant l’évaluation, mais en remettant à jour l’objectif et les activités, soit en remettant à jour l’évaluation. Dans ce cas- là, si on remet à jour l’évaluation, on se dirige peut- être plus vers quelque chose de l’ordre du QCM ou de la question de cours.
On a aussi un autre exemple où c’est le cas parfois quand vous avez, je vous ai parlé, des étudiants absents ou des étudiants qui bavardent, des étudiants qui sont peu motivés dans votre cours, c’est le cas si, par exemple, vous annoncez un objectif du style l’objectif visé, ce sera de pouvoir juger de la pertinence d’un article juridique ou d’une loi, de juger de sa complétude, d’analyser, de se prononcer sur un article. Vous faites des activités où justement, vous créez des débats, vous allez vraiment chercher la confrontation d’opinions, le débat, l’argumentation. Par contre, vous avez annoncé que l’évaluation finale, ce sera un QCM sur les connaissances. Là, vos étudiants, qu’est- ce qu’ils vont se dire ? Ils vont se dire que ça ne sert à rien qu’ils viennent en cours, puisque ça ne portera que sur le cours. Donc, au mieux, ils ont des polycopiés d’ailleurs, et ils ne viennent pas. Enfin, au pire. Et au mieux, ils viennent, ils ne prennent pas trop parti, sachant que la seule chose qu’ils auront à faire, c’est apprendre par cœur le cours et assimiler des connaissances. Voilà, ça, c’est un deuxième cas qu’on retrouve assez fréquemment en pédagogie universitaire et qui relève d’un problème d’alignement pédagogique.
Voilà pour ce qui est de l’alignement pédagogique. Pour plus d’articles, c’est ici. Si vous avez des remarques, des commentaires, n’hésitez pas à m’en faire part. Je vous dis merci et à bientôt.