perspective-actionnelle
Didactique du FLE

Qu’est-ce que la perspective actionnelle en didactique du FLE ?

Qu’est la perspective actionnelle ? En quoi consiste cette méthodologie du FLE ? C’est la question qu’on va se poser aujourd’hui.

Approche ou Perspective actionnelle ?

On se lance pour le sujet du jour, la perspective actionnelle. Déjà, avant de commencer, on va s’arrêter sur le terme de perspective actionnelle, puisque vous avez peut- être déjà entendu parler d’approche actionnelle. En fait, on parle de la même chose. Approche, perspective, on parle de la même chose. C’est juste qu’il y a un débat au sein de la recherche, au sein des chercheurs, pour savoir si on utilise plutôt le terme approche ou le terme perspective.

En fait, c’est comment vous envisagez cette méthodologie d’enseignement du français langue étrangère. Puisqu’il s’agit là d’une méthodologie comme je vous l’ai expliqué dans cet article. En fait, on y a un débat parce que certains disent approche actionnelle et certains disent perspective actionnelle .

Il faut savoir que dans le CECRL, les deux termes apparaissent et autant de fois, trois fois chacun. C’est vraiment comment vous vous positionnez. Les idées avec l’approche actionnelle, c’est de dire qu’en fait, vu l’évolution des méthodologies, l’approche actionnelle, on considère qu’elle vient vraiment en rupture avec l’approche communicative, qu’elle la remplace, qu’on ne parle plus de la communicative. On ne parle que de l’actionnelle et on oublie ce qui a été avant. Certains ne sont pas d’accord avec cet aspect de « j’efface et je remplace ». Et donc là, on vient plutôt dire une perspective actionnelle, c’est-à-dire qu’on vient enrichir d’une perspective actionnelle tout ce qui a été fait avant, dont l’approche communicative.

Moi, je suis plus dans l’aspect perspective actionnelle. Maintenant, on peut utiliser les deux termes, c’est jusqu’ici, il faut se positionner, donc on utilisera le terme perspective actionnelle.

Christian Puren est un chercheur qui a beaucoup argumenté sur la question, si vous voulez rechercher, si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aller voir ses travaux.

Qu’est-ce que la perspective actionnelle ?

La perspective actionnelle, pour vous la décrire, je vais vous donner pour commencer, une citation du CECRL. Ouvrez votre CCRL à la page 15 et on est parti ! « La perspective ici est très généralement aussi de type actionnel, en ce qu’elle considère avant tout l’usager et l’apprenant comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches qui ne sont pas seulement langagières dans des circonstances et environnements donnés à l’intérieur d’un domaine particulier. Si les actes de parole se réalisent dans des activités langagières, celles- ci s’inscrivent elles- mêmes à l’intérieur d’actions en contexte social qui seul leur donnent leur pleine signification. » L’objectif ici de l’apprentissage du français langue étrangère avec la perspective actionnelle, ça va être que l’apprenant accomplisse différentes tâches en vue de s’intégrer à terme dans une communauté pour y devenir autant que peut se faire un acteur social.

On a vraiment la dimension d’intégration avec la perspective actionnelle dans une communauté, prendre part à la communauté. Contrairement à la communicative, on avait plutôt le touriste de passage.

L’apprenant considéré comme un acteur social

Pour résumer, la perspective actionnelle, c’est l’idée qu’on prend l’apprenant dans son entièreté, dans sa globalité, comme un acteur social de la société. Ça ne se dit pas, mais comme un acteur social. Contrairement à l’approche communicative où on ne le prenait que comme un apprenant de la langue et on lui demandait de simuler certains rôles. Vous vous souvenez, dans l’approche communicative, souvent, on lui dit « Imagine que tu es un touriste dans ce pays, imagine que tu es un candidat à un TV show, que tu vas postuler à un job. Imagine et joue la situation de communication et réalise des actes de parole comme ça. Ça, c’était l’approche communicative.

La perspective actionnelle, c’est plutôt l’idée de se dire « l’apprenant utilise la langue dans la vie de tous les jours, il a besoin de pouvoir utiliser la langue dans la vie de tous les jours et il a besoin d’utiliser la langue pour l’apprendre dans la classe. » Donc, il va apprendre en réalisant ces tâches- là.

La perspective actionnelle et le action-based learning

En fait, ce n’est pas vraiment ces tâches- là que je cherche, c’est ses actions. La perspective actionnelle, elle est basée sur ce qu’on appelle le action-based learning. On apprend par l’action. C’est par la réalisation d’actions qui sont des actions réelles, entre guillemets, des actions qu’a besoin de réaliser réellement l’apprenant, qu’il va apprendre.

C’est là qu’intervient la notion de tâches, puisque l’action va être développée, va être exprimée en termes de tâches. Là, il faut faire attention à la notion de tâches, puisque là, nous, on est vraiment dans le action-based learning. Mais on a tendance parfois à le confondre avec le task-based learning, où là, on va avoir des tâches, mais on va avoir des tâches qui ne sont pas vraiment des actions, qui ne s’inscrivent pas dans des actions contextualisées et qui ne relèvent pas de la perspective actionnelle. En effet, ces tâches qui ressemblent plutôt à une to-do list, ne relèvent pas de la perspective actionnelle.

Nous, on est vraiment dans l’idée que l’apprenant réalise des actions de sa vie de tous les jours, comme utilisateur de la langue ou comme apprenant de la langue. C’est pour ça que le point central de la perspective actionnelle, c’est notamment comment qu’on le considère apprenant ou on le considère comme un acteur social.

Quelques définitions

Pour vous aider, je vais vous donner des petites définitions.

Un acteur social, c’est un individu ou un groupe capable d’agir dans un espace social. Un individu qui joue un rôle actif dans sa socialisation et dans la société. Donc, on estime qu’il est acteur dans la société et que pour ça, il a des actions à réaliser. Contrairement à parfois d’autres méthodologies, on avait plutôt tendance à dire « il ne va pas vraiment s’intégrer, il va peut-être juste passer dans la société. Il n’a pas besoin de réaliser des actions à part savoir comment communiquer.

Autre notion centrale, c’est la tâche. Pour bien comprendre, je vais vous donner des citations. La première, ça va être celle du CECRL et la deuxième, ça va être d’un cher cher connu qui s’appelle Daniel Coste. Cecrl, on reste à la page 15 : « il y a tâche dans la mesure où l’action est le fait d’un ou de plusieurs sujets qui y mobilisent stratégiquement les compétences dont ils disposent en vue de parvenir à un résultat déterminé. La perspective actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives, volitives et l’ensemble des capacités que possède et met en œuvre l’acteur social. »

Ensuite, Daniel Coste (2009) « la notion de tâches renvoie à une action finalisée avec un début, un achèvement visé, des conditions d’effectuation, des résultats constatables. Les tâches ne sont pas toutes communicationnelles. »

Ok, donc, je vous explique. On estime que l’acteur social, l’apprenant ou l’utilisateur de la langue, il a des actions à réaliser, mais toutes les actions qu’il a réalisées ne vont pas être langagières. Par exemple, dans la vie de tous les jours, vous et moi, on aura besoin de réaliser des actions comme acheter un billet de train ou comme monter une tente, on va dire. Monter une tente, si vous n’avez pas de manuel, si vous la montez juste comme ça, il n’y a pas forcément besoin de langage. Tandis qu’acheter un billet ou aller au cinéma, ils sont plutôt susceptibles d’être des tâches langagières où on va avoir besoin du langage.

Nous, en perspective actionnelle, en tout cas, en enseignement du FLE, on va plus orienter vers les tâches communicationnelles, c’est ce qui va plus nous intéresser.

L’exercice vs la tâche

Attention, une tâche n’est pas un exercice. Par rapport à ce que je vous disais plus haut, certains manuels mettent le terme de tâche pour des choses qui ne sont pas des tâches, souvent pour des choses qui sont plutôt de l’ordre de l’exercice ou de l’objectif, mais pas de la tâche.

L’exercice, c’est vraiment quelque chose de codifié. L’exercice, c’est quelque chose de formel, de structuré, qui a un objectif en général linguistique. Et ce n’est pas du tout une tâche qui s’inscrit dans une action, dans quelque chose de contextualisé. Donc, faire attention à certains manuels qui vous disent que c’est de la tâche, mais ce n’est pas de la perspective actionnelle.

La tâche, c’est vraiment, on va faire une action avec, à un moment T, un résultat qui sera visible, qui sera constatable. Et cette action, elle doit être vraiment contextualisée et surtout relever d’un vrai besoin, d’une vraie situation pour l’apprenant. Au niveau des tâches, comme je vous disais tout à l’heure, l’acteur social, quand on parle de l’apprenant en langue, on estime qu’il est à la fois utilisateur de la langue dans la vraie vie, dans la vie en dehors de la classe, où il est plutôt utilisateur de la langue et à la fois acteur social, apprenant de la langue plutôt dans la classe ou en contexte d’apprentissage.

Tâche scolaire et tâche sociale dans la perspective actionnelle

Je vais vous redonner deux citations pour vous aider à comprendre ces deux tâches.

La première, c’est de Evelyne Rosen qui dit « Une continuité peut s’établir entre les tâches dans lesquelles l’apprenant est impliqué en classe comme apprenant, parce qu’elles font partie du processus d’apprentissage et celle qu’il est amené à réaliser en tant qu’utilisateur de la langue. »

Je re-cite aussi là Daniel Coste qui dit qu’on peut « poser l’apprenant aussi bien que l’utilisateur de la langue comme un acteur social. Si on considère l’apprenant, si on considère l’acteur social apprenant utilisateur de la langue, en découle des tâches de deux natures un peu différentes. »

Les premières, ça va être ce qu’on appelle les tâches sociales. Là, ça va être toutes les tâches qu’on a besoin de réaliser dans la vie de tous les jours en utilisant la langue. Là, comme je vous le disais plus haut, ça peut être acheter un billet de train, ça peut être aller à la poste pour acheter des timbres, ça peut être faire ses courses.

Il y a des tâches qu’on dit plutôt scolaires qui, là, vont être des tâches qu’on va réaliser en tant qu’apprenant de la langue dans un contexte plutôt d’apprentissage. Et là, on va avoir des tâches comme, par exemple, présenter à ses camarades de classe le système éducatif français, présenter une recherche qu’on a fait sur les meilleurs hôtels de France.

Souvent, vous verrez les tâches scolaires, elles ont une dimension collective, parce que Springer le résume bien, c’est un chercheur, en disant que dans la perspective actionnelle, « l’apprentissage est de ce fait vu comme la participation à un processus social de déconstruction de connaissances, une transformation sociale des individus et de leur environnement. » Donc, il y a un peu une dimension groupe dans la tâche scolaire.

Voilà pour ce qui est des tâches scolaires, des tâches sociales.

Tâche finale et tâche intermédiaire

Il faut savoir aussi qu’en perspective actionnelle, quand on parle de tâches, on distingue souvent la tâche finale et la tâche intermédiaire, puisque la tâche finale regroupe les tâches intermédiaires qui permettent de réaliser la tâche finale. C’est un moyen de dégrossir, d’aller en sous-niveaux pour pouvoir rendre ça un petit peu plus facile, de faciliter le process.

Conclusion sur la perspective actionnelle

Voilà pour ce qui est de la perspective actionnelle. Si je vous résume un petit peu tout ça, l’idée de la perspective actionnelle, c’est d’apprendre la langue en réalisant des tâches qui vont s’inscrire dans des actions contextualisées qui vont permettre le développement de compétences, dont les compétences langagères, mais aussi les compétences générales de l’apprenant. On considère l’apprenant dans sa globalité en tant qu’acteur social, à la fois comme l’utilisateur de la langue et comme l’apprenant de la langue. Ce qui fait qu’on va baser notre programme de cours, notre séquence de cours, en termes de tâches, avec des tâches finales qui vont être à la fin de la séquence et des tâches intermédiaires pour arriver à cette tâche finale. Mais surtout des tâches qui sont sociales et des tâches qui sont scolaires, ça, en fonction de l’étude des besoins de vos apprenants.

Sachez que j’ai mis au point une formation sur la perspective actionnelle pour pouvoir vous aider à vous construire vos séquences de cours en perspective actionnelle. Vraiment, je vous guide pas à pas sur comment faire pour monter cette séquence de cours. Je vous ai même fait un guide pédagogique avec des fiches pour vous aider vraiment à l’en, étape par étape.

Vous pouvez aussi consulter d’autres articles ici. Je vous dis merci et à bientôt.

Références bibliographiques :

Conseil de l’Europe (2001). Cadre européen commun de référence pour les langues – Apprendre, enseigner, évaluer. Paris : Didier.

Coste, D. (2009). « Tâche, progression, curriculum ». In Rosen (dir.). pp. 15-24.

Rosen, E. (2009). Le Franc¸ais dans le monde / Recherches et applications, no. 45 (janvier 2009), 487 –498

Springer, C. (2009). La dimension sociale dans le CECR : pistes pour scénariser, évaluer etvaloriser l’apprentissage collaboratif. Le Français dans le monde. Recherches et applications, (45),25-34. DOI : 10.3138/cmlr.66.4.511 ou hal-01301628.

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